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Dr Bob et Mr Sinclar
 
 
 
 
De notre correspondant Alexandre  
 
Pour beaucoup, Bob Sinclar n’est qu’un macho moustachu surparfumé à l’eau de 
Cologne,  qui roule en Porsche 924 turbo, paire de Ray Ban Police sur le nez. Un 
revival de Disco King comme on n’en fait plus. N’en déplaise aux amateurs du 
genre, Chris de son vrai nom est tout à l’opposé ! Portrait. 
  
Après avoir officié comme DJ dans les plus 
grands clubs parisiens, il est devenu en cinq ans une star mondiale des platines 
qui avance sous le masque de Bob Sinclar pour vivre en paix ! Jeans
délavé, paire d’Asics usée, parka façon 
treillis et Rolex Daytonna au poignet, il nous donne rendez vous aux Négociants 
le lendemain de l’anniversaire du Fish. Ponctuel et décontracté, il se livre au 
jeu des confidences sans réticences. L’histoire 
commence dans les années 80. A l’époque, Chris est un jeune parisien adepte de 
musique Hip Hop qui mixe dans quelques clubs branchés de la capitale. Sa 
notoriété commence à se répandre, et il décide de franchir le cap en créant sa 
propre musique. Sous les noms de Mighty Bop et Chris The French Kiss, 
il va devenir l’un des pionniers du Trip Hop en France, et la série d’albums 
enregistrés en collaboration avec La Funk Mob, DJ Cam ou Louise 
Vertigo : « La vague sensorielle », « Spin my Hits », « les Jazz 
Electroniques » deviendront des classiques pour les initiés. 
 
Après sa rencontre 
avec Alain, (DJ Yellow), il fonde 
Yellow Productions 
en 1984 : « Je voulais me cacher derrière un 
label pour produire des artistes electro, comme Blue Note pour le jazz. Toutes 
les nouvelles tendances qui sont apparues ces vingt dernières années viennent de 
petits labels. Ce ne sont pas les Majors qui en sont à l’origine ! 
». Pour sortir de la confidentialité, les 
lascars ont alors l’idée d’un projet musical décalé. 
Le concept Bob Sinclar est né : « J’ai cherché un mec qui 
ressemble aux brigades du tigre, un James Bond à la française, et fait de lui la 
nouvelle icône disco. J’ai pris un pote de Shazz qui était barman au Pop’s, un 
petit bar très connu des initiés. Il cultivait ce côté dandy moustachu 
naturellement ! Quand j’arrivais en club, les gens 
s’imaginaient voir arriver un moustachu avec deux nanas ! ».
 
  
Paillettes et moustache  
  
Cette nouvelle aventure démarre avec l’album 
“Paradise” sorti en 1998, hommage à la disco paillette et pétillante. « Le 
côté homme à femmes que j’avais inventé autour du concept " la musique de 
l’homme moderne " inspiré par le magazine Lui ». 
C'est le single « Gym tonic », avec la voix de Jane Fonda et le concours 
de Thomas Bangalter des Daft Punk qui le fera connaître dans le monde 
entier. Son deuxième succès baptisé « My only Love » 
devenu culte grâce à son clip tourné au Japon, terre promise de la scène 
électronique pour tous les précurseurs du genre. Un courant musical est né : la 
French Touch. « Cette appellation est aujourd’hui galvaudée, on est 
arrivé à un point ou on a  tous été dans le même moule d’un coup.  Beaucoup on 
fait des one shots et il ne reste que le haut du panier : St Germain, 
Kid Locco, ou Dimitri from Paris ».Plus 
qu’un concept, Bob Sinclar est devenu un véritable label qui surfe sur la 
starification des DJ, sans pour autant regretter sa période ses débuts plus 
confidentiels : « L’underground dans le sens 
"faire de la musique pour soi", ça ne m’intéresse pas ; je fais de la musique 
pointue qui ne se veut pas formatée commerciale, avec des Gimmicks qui se 
retiennent sur un disque. Je ne suis pas réfractaire à l’appellation 
commerciale, ça ne veut pas dire que c’est mauvais, ça veut dire que ça se vend. 
Mais je ne vulgarise pas pour autant une production pour qu’elle devienne 
commerciale ! ». Un seul mot d’ordre : le 
qualitatif grand public, et l’art de surfer sur les tendances, comme en ce 
moment avec le grand retour du rock. « Un groupe comme Kyo
fait des chansons électroniques, avec sons 
samplés. Quelque part, on travaille un peu de la même façon
».  
  
Gentleman célibataire 
  
Après de longs périples dans les grands clubs de 
la planète germera l’idée d’un disco opéra grandiose auquel vont adhérer de 
grands noms des 70’s, comme Cerrone ou James “D Train” Williams : « Champs 
Elysées ». Après un troisième opus baptisé “III”, Bob Sinclar se consacre 
essentiellement à la production d’artistes sous le label Yellow : Mighty Bop, 
Kid Loco et ses sons pop/ trip hop, le easy listening de Dimitri 
from Paris, Tom&Joyce dans des tons plus jazz, Salomé de Bahia 
pour le côté brésilien  ou encore BangBang en electro pure, et 
plus récemment le dijonnais Olivier Kaiser dont l’album « OK Rocks » 
s’annonce prometteur, autant d’ambassadeurs de l’electro made in France… Le 
dernier épisode de la saga est la sortie en mai d’un DVD retraçant le périple 
mondial de la superstar des platines : « Enjoy ». « Je n’avais pas envie 
de faire un nouvel album alors qu’il y a encore un buzz sur The Beat Goes On et 
Kiss My Eyes. J’ai remixé mes propres titres, comme je l’avais fait avec ceux de
Marc Cerrone 
dans l’album Cerrone by Bob Sinclar». 
Au programme, 1h30 d’images de Bob Sinclar Around the World, uniquement en 
backstage: du studio, des clips, des making of et une interview avec Van Damme 
(un grand moment). Une consécration dans une profession qui était considérée il 
y a vingt ans comme « pousse disque » ! Car les DJs sont désormais des stars à 
part entière, avec tous les avantages qui vont avec :  « Déjà au départ 
quand tu es DJ, les gens te regardent et ça attire la gent féminine ; ensuite, 
quand tu commences à devenir connu, à faire des disques et à passer à la télé, 
c’est clair que ça facilite les choses ! ». Une situation qui ne semble pas embarrasser ce célibataire globe 
trotter. 
  
A suivre, 
Jean-Jack Queyranne : Un «_Home_» 
tranquille
 
 
                                
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