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05 avril 2006


 Michel Bonzi sous toutes ses coutures


Photo © Christine Mulliez Ram Dam

Par Céline Albertini

 

Vous dîtes « couture », il s’enflamme. Visiblement, couture rime avec inspiration, expiration… comme une respiration. Michel Bonzi n’a pas son pareil pour vous le faire ressentir, avec sobriété, retenue, pudeur mais avec détermination. C’est toute sa vie.

 

Il débute dans les années 80 avec quelques robes de mariées. Son parcours est celui d’un autodidacte, mais sa vocation n’est pas fortuite. Sa mère et sa grand-mère sont couturières… L’atavisme est donc puissant. Michel traverse l’enfance dans un univers de conception. Il participe très tôt aux petits travaux de couture. Sa maman lui taille tous ses petits costumes. Plus tard, les aléas de la vie l’empêchent de faire les Beaux-Arts, cursus dont il rêvait. Il troque l’art pour des études de chimie puis de comptabilité ! Le manque d’argent mais aussi le démon de la couture le décident à faire ses vêtements lui-même, toujours avec l’aide précieuse de sa mère, « petite main » géniale et puis, il a un sens inné de la coupe. Son entourage remarque son élégance et ses habits parfaitement ajustés. Il prend donc le chemin de sa passion et après 10 ans de formation en solitaire et quelques stages, il prend vite conscience qu’il a déjà acquis les bases techniques même les plus complexes, Michel Bonzi prend son envol. Il crée sa première collection (une quarantaine de modèles) et peut enfin exprimer son talent dans une période propice au stylisme et à la création.

 

Nous sommes en 1988, c’est le début d’une movida marseillaise avec, en fer de lance, une jeune Maryline Vigouroux qui soutient les créateurs. « Tous les meilleurs ne sont pas restés » soupire ce grand ténébreux avec une pointe de nostalgie. Michel, lui, a réussi à s’imposer. En 1997, il installe sa boutique rue Beauvau près de l’Opéra. Tout le monde s’en souvient. Sa vitrine, très spectaculaire brillait de mille feux même la nuit, pause rêvée des noctambules ! Il existe en lui une vraie volonté de vendre du rêve, de rendre réalisable les espoirs les plus osés. Michel est capable de camoufler une poitrine trop opulente dans une robe bustier, la rendre féminine lorsqu’elle est trop juvénile. La haute couture permet ce miracle car comme tous les arts majeurs, le génie créatif s’appuie sur un savoir-faire minutieux, une précision technique hallucinante. Ce perfectionniste ne supporte pas que l’on galvaude l’appellation haute couture. « Il suffit d’observer de près ou de loin le travail de ces matières somptueuses » dit-il  « les parements précieux que seules des mains délicates sont capables de fixer pour s’en rendre compte ».

Cet esthète est persuadé que rien n’égale une création sur mesure et soutient qu’une robe naît d’une rencontre. Son goût  pour le beau est insatiable. Ses références sont sûres, avec Jacques Fath et Christian Dior pour modèles mais les couturiers d’aujourd’hui lui plaisent aussi. Il aime Eli Saab pour ses robes de princesses, Jean-Paul Gaultier pour son esprit couture, Christian Lacroix pour la féerie de ses créations mais également Valentino pour un éternel « Chic Madame » et enfin Thierry Mugler pour l’image forte qu’il a su donner aux femmes. En apnée depuis quelques années, Michel Bonzi revient sur le devant de la scène « couture » avec l’éternel objet de fantasme féminin, ses premières amours aussi et ce qui clôture tous les grands défilés de haute couture… la robe de mariée. Pour le plus grand bonheur de toutes les futures princesses d’un jour.

A suivre, LCM : une aventure entrepreneuriale

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