Michel
Bonzi sous toutes ses coutures
Photo © Christine
Mulliez Ram Dam
Par Céline Albertini
Vous dîtes « couture », il s’enflamme.
Visiblement, couture rime avec
inspiration, expiration… comme une
respiration. Michel Bonzi n’a
pas son pareil pour vous le faire
ressentir, avec sobriété, retenue,
pudeur mais avec détermination. C’est
toute sa vie.
Il débute dans les années 80 avec quelques robes de
mariées. Son parcours est celui d’un
autodidacte, mais sa vocation n’est
pas fortuite. Sa mère et sa grand-mère
sont couturières… L’atavisme est donc
puissant. Michel traverse l’enfance
dans un univers de conception. Il
participe très tôt aux petits travaux
de couture. Sa maman lui taille tous
ses petits costumes. Plus tard, les
aléas de la vie l’empêchent de faire
les Beaux-Arts, cursus dont il rêvait.
Il troque l’art pour des études de
chimie puis de comptabilité ! Le
manque d’argent mais aussi le démon de
la couture le décident à faire ses
vêtements lui-même, toujours avec
l’aide précieuse de sa mère, « petite
main » géniale et puis, il a un sens
inné de la coupe. Son entourage
remarque son élégance et ses habits
parfaitement ajustés. Il prend donc le
chemin de sa passion et après 10 ans
de formation en solitaire et quelques
stages, il prend vite conscience qu’il
a déjà acquis les bases techniques
même les plus complexes, Michel Bonzi
prend son envol. Il crée sa première
collection (une quarantaine de
modèles) et peut enfin exprimer son
talent dans une période propice au
stylisme et à la création.
Nous sommes en 1988, c’est le début d’une movida
marseillaise avec, en fer de lance,
une jeune Maryline Vigouroux qui
soutient les créateurs. « Tous les
meilleurs ne sont pas restés » soupire
ce grand ténébreux avec une pointe de
nostalgie. Michel, lui, a réussi à
s’imposer. En 1997, il installe sa
boutique rue Beauvau près de l’Opéra.
Tout le monde s’en souvient. Sa
vitrine, très spectaculaire brillait
de mille feux même la nuit, pause
rêvée des noctambules ! Il existe en
lui une vraie volonté de vendre du
rêve, de rendre réalisable les espoirs
les plus osés. Michel est capable de
camoufler une poitrine trop opulente
dans une robe bustier, la rendre
féminine lorsqu’elle est trop
juvénile. La haute couture permet ce
miracle car comme tous les arts
majeurs, le génie créatif s’appuie sur
un savoir-faire minutieux, une
précision technique hallucinante. Ce
perfectionniste ne supporte pas que
l’on galvaude l’appellation haute
couture. « Il suffit d’observer de
près ou de loin le travail de ces
matières somptueuses » dit-il « les
parements précieux que seules des
mains délicates sont capables de fixer
pour s’en rendre compte ».
Cet esthète est persuadé que rien
n’égale une création sur mesure et
soutient qu’une robe naît d’une
rencontre. Son goût pour le beau est
insatiable. Ses références sont sûres,
avec Jacques Fath et Christian Dior
pour modèles mais les couturiers
d’aujourd’hui lui plaisent aussi. Il
aime Eli Saab pour ses robes de
princesses, Jean-Paul Gaultier pour
son esprit couture, Christian Lacroix
pour la féerie de ses créations mais
également Valentino pour un éternel
« Chic Madame » et enfin Thierry
Mugler pour l’image forte qu’il a su
donner aux femmes. En apnée depuis
quelques années, Michel Bonzi revient
sur le devant de la scène « couture »
avec l’éternel objet de fantasme
féminin, ses premières amours aussi et
ce qui clôture tous les grands défilés
de haute couture… la robe de mariée.
Pour le plus grand bonheur de toutes
les futures princesses d’un jour.
A suivre, LCM : une
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