Arielle Dombasle :
« Je ne serai jamais maman
! »
Propos recueillis par Laurent Argelier
Arielle Dombasle se confie peu, tout juste du bout des lèvres, elle vous
murmure ses vérités. Il faut donc faire preuve de douceur, de patience, pour
qu'enfin le masque tombe et laisse entrevoir la fragilité qui se cache derrière
sa sensibilité d'artiste surexposée. Pour ce rendez-vous 100% vérité, cette
jolie princesse à l'apparence sophistiquée, a la silhouette parfaite, ainsi qu'à
la démarche sensuelle, mène la danse ou du moins le pense-t-elle… Arielle prend
la pose pour une rencontre qui s'impose.
Arielle Dombasle, vous êtes à la fois actrice, réalisatrice, mais votre
véritable passion demeure le chant. Pourquoi ce besoin de multiplier les
aventures artistiques, au risque que le grand public ne s’y retrouve pas ?
Chanter, jouer la comédie, pour moi ça me
semblait couler de source, d’être une artiste multiforme. Il y a des
transfusions entre les arts. Concernant le public, j’ai toujours eu des réponses
très aimantes quand les gens m’arrêtent dans la rue ou bien lorsqu'ils
m’écrivent. Malgré toute la diversité de mon parcours, ils me suivent et c’est
pour moi ça l’essentiel !
Si on devait vous mettre dans une catégorie, vous vous considérez plus comme une
artiste populaire, une artiste intellectuelle ou une artiste atypique ?
Je me considère tout simplement comme une
artiste. Il est vrai que les gens me comprennent plus par la musique car le
chant est un art qui touche directement le cœur. On n'est pas, comme dans la
fiction, caché derrière des personnages. On est tel quel, le cœur sur la main,
avec la voix et son être comme instruments. Je crois que c’est la chanteuse que
les gens préfèrent.
Faut-il voir l’explication dans cette quête de la reconnaissance de vos nombreux
talents, par un désir profond d’être aimée par le plus grand nombre ?
Oui, mais plus que par le plus grand nombre,
c’est d’être surtout et avant tout intensément aimée.
Très jeune, vous saviez déjà que votre rêve était de devenir chanteuse,
danseuse, d’être une artiste, dans quel but, pour quelles raisons ? Celui de
faire partager des émotions ou tout simplement comme bien des mortels, dans une
bouffée de mégalomanie, celui de laisser une trace indélébile de votre passage ?
C’était au-delà d’un rêve, j’avais comme une
sorte de certitude que je serai chanteuse. Je n'ai jamais cherché à laisser une
trace. C’était tout simplement ça ou ne pas exister, c’était ça ou mourir, il
n’y avait pas d’autres alternatives.
A 12 ans, la petite Arielle Laure Maxime Sonnery de
Fromental, décide de prendre le nom de sa mère : Dombasle. Votre maman est
décédée prématurément à l’âge de 34 ans. Quand on perd un être cher, comment
voit-on la vie alors que généralement, si jeune, on se croit immortelle ?
Je ne peux pas répondre à cette question.
C’est tellement scandaleux, affreux quand ça vous arrive. On ne médit de la vie
que parce elle finit. Quand vous perdez les gens que vous aimez c’est
irréversible et c’est terrible. Je crois que rien ne peut vous aider… Sinon le
deuil…
Vous êtes née au Etats-Unis et avez grandi au Mexique où votre grand-père était
ambassadeur de France. Vous êtes arrivée à l’âge de 18 ans à Paris afin
d’étudier l’art dramatique et le chant. Quels souvenirs gardez-vous de votre
adolescence ?
Je mes uis toujours senti étrangère partout,
quelqu’un de culturellement métissé. J’ai trois cultures qui m’ont formée, qui
m’ont faite différente de ce que j’aurais pu être si j’avais été une Française
de Paris. Je suis constituée par la superposition et par l’interaction de ces
cultures ! Voilà, c’est ainsi.
C'est votre grand-mère qui vous a élevée et qui vous a transmis son goût des
voyages et son caractère fantasque. Vous éprouvez une affection profonde pour
les personnes âgées. Faites-nous partager votre sentiment sur la vieillesse.
Ma grand-mère a été mon grand modèle. J’ai eu
beaucoup de chance, c’était une femme remarquable. Il est exact que les
personnes âgées me touchent, elles me bouleversent, je les ai toujours beaucoup
aimées. La vieillesse représente pour moi ce que j’ai connu chez ma grand-mère,
c'était une femme ravissante, étonnante. Pour moi, vieillir ça représente
simplement un corps plus fragile mais rien d’autre. Sinon une vulnérabilité
supplémentaire.
Vous donnez l’impression d’avoir créé votre propre personnage Arielle Dombasle.
Un personnage sophistiqué qui peut apparaître léger voire superficiel. Mais qui
êtes-vous vraiment ?
Non, je n’ai pas créé de personnage. Mon image
m’échappe. Je ne sais pas. Je ne peux pas plus me définir. Ce qui compte c’est
de traverser l’existence et d’essayer d’être créative, sensible, généreuse et
éclairée.
Quels sont vos grands désespoirs ?
Ceux que je partage avec le reste de
l’humanité, c'est-à-dire tous les désespoirs ! Nous sommes des papiers
sensibles. Chaque jour apporte son quota de joie et de douleurs.
Si je vous dis que vous êtes une fois le rideau tombé, une femme fragile, un
être sensible, que me répondez-vous ?
Oui, bien sûr évidemment, je suis une femme
fragile. Je pense, comme tous les artistes, que nous sommes des êtres un peu à
part, avec des facultés d’adaptation très spéciales. Oui, je suis une femme
extrêmement sensible.
Vous êtes l’épouse du philosophe Bernard-Henri Lévy, le
grand amour de votre vie et pour beaucoup vous représentez le couple glamour par
excellence. Sans enfants toutefois…
Je sais depuis l’âge de 14 ans que je ne serai
jamais maman mais je ne saurai pas expliquer pourquoi.
Dans votre nouvel album « Amor Amor », en interprétant quatorze chansons, vous
créez de véritables émotions dans le plus pur style du boléro joué entre Mexico
et Cuba. C’est une incitation à la rêverie. Confiez-nous les raisons pour
lesquelles vous avez eu envie de nous faire découvrir, à travers cet album, une
autre page de votre vie?
C’était un retour à une partie de moi-même, à
mon histoire plus secrète. Il est vrai que j’avais tendance plutôt à la cacher
puisque je voulais tellement m’adapter à la France. Je parlais bas, voire peu de
tout cet autre moi, de cet autre continent, de mon autre culture.
Peut-on dire que votre "nouveau bébé" est un album plus intense et moins
grandiloquent que les précédents où vous mêliez le classique et la variété ?
« Amor Amor » est un album où il faut
restituer quelque chose, un climat, une poésie. Il y a moins d’effets vocaux
mais c'est plus un album d’émotion à fleur de peau, un album extrêmement tendre.
Vous êtes en tournée dans toute la région
et de passage à Lyon le 12 avril. Le public
lyonnais est bien souvent considéré comme un public froid. Quel accueil
pensez-vous qu'il va vous réserver ?
Je pense qu’il va me réserver un accueil
merveilleux. Les gens viennent me voir, je ne sais pas trop pourquoi. Ensuite,
après mon tour de chant, ils sont d’une affection, d’une gaieté ainsi que d’une
générosité incroyable. J’ai donc hâte de rencontrer ce public lyonnais.
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