Edgar Grospiron
La bosse du bonheur
Photos © Jean-Luc Mège
Par Karine Rey
Rendez-vous fixé sur les pistes de sa station
de prédilection : La Clusaz. Le boss des bosses a accepté de recevoir notre
équipe. Seul hic… nous espérons surtout qu’il ne va pas nous demander de le
suivre à ski ! (surtout Marco, le rédac en chef, habillé comme s’il se rendait à
une soirée !) Et c’est avec son légendaire sourire accroché aux lèvres qu’Edgar
arrive accompagné de sa petite famille. En vacances chez des amis dans la
station de Haute-Savoie, il dévale les pentes enneigées en compagnie de
Nathalie, son épouse et de ses deux filles, Louison et Zoé.
Les deux petites
princesses ont rejoint leur moniteur de ski. Edgar et Nathalie s’attablent dans
la petite salle privative du restaurant d’altitude « Chez Arthur ». Entre deux
bouchées de tourte au reblochon arrosée de Mondeuse, le couple nous conte sa
nouvelle vie. Dix ans ! C’est en février 1995 que le champion olympique
d’Albertville décide mettre un terme à la compétition sur un titre de champion
du monde à la Clusaz. Il quitte alors, à l’âge de 26 ans, l’équipe de France et
se donne 5 ans pour trouver une nouvelle voie. « Le plus dur pour moi c’était
de me construire un nouveau métier qui me permettrait à la fois de prendre
autant de plaisir que dans le ski tout en gagnant autant d’argent ». En
collaboration avec Salomon et Pepsi, Edgar fera du ski de démonstration pendant
quelques années encore. « J’ai du dire stop à un moment car physiquement
c’était éprouvant et il fallait que j’arrête de vivre sur mon passé pour me
tourner vers l’avenir ».
Coté cœur, Edgar a
également soif de stabilité. Il n’a jamais oublié la belle Grenobloise membre de
l’équipe de France junior de ski, croisée quelques années auparavant à Tignes :
« C’était la plus belle du glacier. Elle me faisait l’effet d’une forteresse
imprenable ». Pas si imprenable que cela, si l’on en croit les bans de
mariage publiés à La Clusaz pendant l’été 1997. Sa sœur Aurélie jouera
alors les intermédiaires et c’est ainsi que Nathalie, venue pour un week-end VTT
à la montagne, restera finalement un mois pour ensuite ne plus quitter son
champion. « Mes racines sont à La Clusaz ». C’est donc tout naturellement
qu’Edgar et Nathalie ont choisi la station pour célébrer leur union et faire la
fête dans un chalet d’alpage entourés de tous leurs copains habillés pour
l’occasion dans des tenues représentant les métiers d’antan; le mari en bûcheron
et l’épouse en « paysanne… chic il est vrai », précise-t-elle dans un
sourire.
Après ses médailles, Edgar
décrochera en 1997 un nouveau titre : celui de papa avec l’arrivée de Louison,
puis avec Zoé en 2000. Un papa sévère, juste, qui veut transmettre des
valeurs fortes, mais qui n’hésite pas à se transformer en cheval de rodéo pour
le plus grand bonheur de ses filles. Absent 2 à 3 jours par semaine pour son
travail, lorsqu’il rentre à la maison, sa priorité c’est d’être avec sa famille
pour en profiter au maximum. Lorsque qu’on lui demande si un jour il a songé à
quitter sa région (ndlr : il vit aujourd’hui à Annecy), la réponse est
spontanée : « J’ai toujours voulu vivre ici ; mon boulot m’a emmené ailleurs
pendant 8 ans, j’ai fais plusieurs fois le tour du monde mais j’ai toujours eu
envie de revenir. Mes racines sont ici, c’est mon point de chute, et on voyage à
partir de là. On se ne rend pas compte à quel point, il y a tout ici. Mais la
côte ouest, notamment Hossegor et Saint-Jean-de-Luz nous plaisent beaucoup. La
vie idéale serait d’habiter 8 mois là-bas et 4 ici ».
Côté famille, Edgar est
donc un homme comblé. Serein, il peut alors songer à sa reconversion. La page du
ski se tourne, sans regrets. Rien ne lui manque, ni la tension de la
compétition, ni les voyages, bien décidé à aller de l’avant. « Tant que l’on
a des projets, il n’y a pas de problème ». Il va alors toucher à différents
métiers, du marketing au journalisme en passant par la création d’un site
Internet dédié aux sports de glisse. Une aventure sur le Web qui se soldera par
un échec après 2 ans d’existence mais qui lui aura permis de vivre la vie d’un
chef d’entreprise. C’est alors qu’il décide de se servir de son expérience, de
son parcours de sportif de haut niveau pour les mettre au service des autres.
Cette valeur ajoutée, il va en quelque sorte en faire son fonds de commerce.
Après avoir suivi des cours de management motivationnel et de coaching, Edgar
semble avoir trouvé sa voie. Conférences, coaching individuel ou en entreprise,
formations, voilà aujourd’hui quelques-unes des facettes de sa vie
professionnelle. La grande distribution, l’industrie, des laboratoires
pharmaceutiques ont déjà fait appel à ses services. Il faut compter environ 4500
€ pour une conférence. Directrice de clientèle pour Aérocom,
Nathalie est également une bosseuse… L’agence annecienne gère de gros budgets
comme Easy Jet, L’Oréal Suisse ou encore les 3 Vallées… C’est dire que les
journées du couple sont bien remplies.
Edgar a pu poursuivre son
rêve de gosse… celui de devenir le meilleur skieur du monde. Aujourd’hui,
heureusement il rêve encore mais cela fait partie de son jardin secret… « Je
suis en route vers… je ne sais pas si cela se réalisera un jour mais lorsque
l’on a des rêves et des passions, on peut tout faire bouger ». On ne se
fait aucun souci pour lui, tant il nous déjà démontré ses capacités à déplacer
les montagnes.
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